PICASSO DEVANT LES PISSEUSES 3/3

par Alexis Lucchesi dit « Vie Sublime »

3) Arianna Stassinopoulos-Huffington

Mais au fait, d’où ça vient tout ça ? Mais des States, comme d’hab ! Que serait la France sans ce bon gros balourd d’Oncle Sam ?… Le livre de Chauveau, le podcast de Beauzac, la vidéo de Bril n’auraient pu exister s’il n’y avait eu l’ouvrage d’Arianna Huffington, Picasso : Creator and Destroyer (1988), pour leur ouvrir la voie comme un chasse-neige dans cette poudreuse de contre-vérités voire d’affabulations à l’encontre de Picasso…

Arianna, source du Mal ! Imaginez le cliché de la business-executive woman bien lisse et carnassière, et cette Grecque d’origine vous apparaîtra, aussi cauchemardesquement puritaine qu’elle en a l’air. Parmi ses faits d’armes, on lui doit la co-création en 2005 de l’horrible Huffington Post, blog où tant de progressistes se sont laissé prendre, pissant à l’œil leurs connes copies en échange d’un peu de visibilité sur la toile… Mais cette exploiteuse-née, dénoncée pour ses pratiques managériales (menaces, exploitation déguisée en bénévolat) n’a pas toujours été une démocrate prestige : elle a d’abord frayé, des eigthies aux nineties incluses, avec toute l’aile conservatrice. Un de ses grands potes entrepreneurs, Andrew Breitbart, compagnon d’aventure du Huff’, n’était-il pas un militant d’ultradroite ? Au feu la cohérence, les affaires sont les affaires !

Ambitieuse mariée à un riche tocard se piquant au besoin de politique, Arianna s’est tôt improvisée biographe, et d’abord de la Callas (1981), ce qui ne mangeait pas de pain pour une dentition rayant déjà tous les parquets de la côte Ouest. La miss s’est pourtant débrouillée pour écoper d’une accusation de plagiat par un spécialiste de la cantatrice. C’est sa petite faiblesse, régulièrement réglée à l’amiable… Pourquoi la Callas ? Par connivence gréco-amerloque évidemment, pur narcissisme (encore lui) d’Arianna qui a toujours pris son désir de puissance et de gloire très au sérieux. Elle n’est pas Cancer pour rien. À ceci près que la diva a renoncé à sa nationalité US quand notre intrigante a tout fait pour en être, obtenant une déshonorante naturalisation en 1990, soit deux ans après la publication de son best-seller anti-Picasso continuant à faire couler beaucoup d’encre.

L’affaire est banale, tabloïdeuse. Arianna touche une avance de 500 000$ pour un projet au pitch tout fait, préalablement soumis à un autre auteur qui se désistera en cours de route. Dieu voulait une ragougnasse précise pour se souvenir qu’Il déplorait déjà dans la Genèse que « les desseins du cœur de l’homme sont mauvais dès son enfance »… L’argument schlingue grave (et Chauveau s’en inspirera à fond) : derrière le mythe du grand artiste adulé partout, Arianna, éminence de notre civilisation symbiotiquement liée aux formes suréminentes de l’art tralalère, aurait fait bien malgré elle (on est forcé de la croire) la connaissance d’un « homme » (c’est déjà ça) « habité par l’instinct de détruire » (prout ?). Seulement, cet homme a bien failli l’avoir elle aussi !… Emprise post-mortem ! On reconnait bien là la patte de Françoise Gilot suggérant à Huffington d’écrire comme si Pic’ avait été son mec, plutôt que de s’atteler à une « biographie objective »… C’est un conseil ou un baiser de la mort ?

Dès la préface, le ridicule embrase donc l’imagination de notre Arianne sur le point de perdre le fil de ses recherches. Cette dingue dit avoir senti, à mesure qu’elle pénétrait dans la vie du peintre et nouait des liens avec son entourage, l’aura du génie se remettre en branle, lui jeter des sorts. Picasso était à ça de la posséder comme il a possédé ses « victimes » pour qui le monde ne versera jamais assez de larmes… La fille d’Athènes s’est-elle vue enlevée en Léda par ce Zeus de Pablo, fameux pour avoir entonné à chaque œuvre un éternel chant du cygne ?… L’histoire ne le dit pas, mais le mythe, lui, précise que les ébats entre le dieu et sa proie ont donné un œuf duquel naitront Hélène et Pollux. C’est peut-être comme ça qu’Arianna a conçu ses deux filles : par un œuf manipulé in vitro, puisque son mari dont elle divorcera quelques années plus tard fera son coming out pendant leur relation… On le comprend !

Arianna et Michael Huffington

Arianna Huffington et ses deux filles

Inutile de chercher plus loin ce qui a poussé Arianna à prêter au jeune Ruiz-Picasso, 17 ans, une aventure homo avec un « petit gitan » de 15 qui n’existe que dans les errances d’une prédatrice ayant mal évalué la tendresse docile de son homme. Quand cette affreuse vous dédie un ouvrage, et c’est le cas de son Picasso lancé à la gueule de Michael Huffington, c’est qu’il vous est adressé. Même mécanisme que Manon Bril, menteuse pathologique accusant Picasso d’avoir malmené son entourage comme le YouTubeur Léo Grasset l’aurait malmenée elle…

Pour appuyer son fake, Arianna avance deux sources, l’une renvoyant à une mystérieuse « interview de Françoise Gilot » (de loin la chouchou d’Huffington…) non datée, jamais publiée donc inaccessible, très sûrement menée par Arianna en personne, et l’autre à un passage inoffensif de Malraux dans Tête d’obsidienne, où le ministre fait dire à l’artiste : « Je n’ai pas de vrais amis, je n’ai que des amants ! Sauf peut-être Goya, et surtout Van Gogh. » Voilà à quoi sert l’arsenal de notes de cette « bio de référence » dupant les avides jobards. On prélève une phrase sur le sujet qui nous intéresse mais qui n’a strictement aucun rapport avec la thèse qu’on défend, et on en tire de quoi conforter ses entourloupes… Quant à la manière dont Arianna conduit ses interviews, laissons une nouvelle fois s’exprimer le petits-fils Picasso, Olivier Widmaier : « Officiellement, cette femme était venue en touriste à Paris, et ma mère [Maya Picasso] avait répondu volontiers, au-dessus d’une tasse de thé, à ses questions anodines – sans que son interlocutrice prenne la moindre note… Ma mère ne se doutait guère que ses réponses s’inscrivaient dans un scénario pré-écrit. »

Ce scénario, parlons-en ! Sur deux à trois pages, Huff’ nous ventile ses vapeurs, revient sur cette passion « brûlante » pendant un bivouac qui aurait dévoilé à Pablo « le Gitan qu’il y avait en lui ». On est entre Brokeback Mountain et le cliché vieillot sur la sexualité du Gypsy dont « la seule façon d’agir » serait « la violence »… Julie Beauzac ne résistera pas à ces restes de fascination typiquement US transférée des Indiens aux Gitans et reprendra quasi-verbatim cette anecdote fabriquée de toutes pièces. Blanches bourgeoises, toutes… La légende d’un Picasso refoulé obligé de frapper ses femmes pour soulager sa frustration était née. Oui, ça vient d’Arianna cette marotte de l’artiste défonçant Dora Maar et « la laissant de nombreuses fois inconsciente sur le sol »… Une note, une source, quelque chose ? Nada.

Attention, il y a les scènes imaginaires (Braque et Pic’ flirtouillant ensemble, Pic’ rencontrant Alfred Jarry, etc.) et puis celles qu’Huff’ occulte sciemment. On surfe sur le soufre, mais le shocking est calibré selon les attentes de l’époque… Ainsi on s’étonnera (j’adore cette formule qui permet de coucher l’ennemi l’air de rien) de ne trouver dans ce livre à scandale nulle mention de l’avortement ou de la fausse-couche, c’est selon, du modèle Madeleine Bloch, mise en cloque par Pablo. Ça fera pourtant, on l’a vu, les délices des néo-fem’ une génération plus tard… Pas de trace non plus de l’épisode Raymonde, cette ado que Fernande Olivier adopte puis ramène au bout de quelques mois à l’orphelinat, au désespoir suprême de Picasso mis devant le fait accompli. Après avoir divinisé Fernande, Arianna n’allait quand même pas revenir sur deux ou trois détails permettant de comprendre certaines humeurs (je n’ai pas écrit « violences ») de Pablo !…

Et c’est comme ça tout le long… Du trafic et des cancans, et puis encore des gnagnas sur du chichi… Freudienneries de comptoir… Ça rappelle les critiques sur les méthodes d’Huffington pour son web média, ce « blog people monstrueusement pré-marketé » d’après Nikki Finke. Cette autre nulle à mi-chemin entre le journalisme et le blog a visé juste, ce qui n’était pas bien dur vu qu’en 2006, Georges Clooney en personne a lui aussi été victime d’Arianna. La bougresse n’avait pas hésité à signer du nom même de l’acteur un article pour le HuffPost fait d’une multitude de déclarations éparses de la star. Sous pression, la « journaliste » publiera enfin son premier mea culpa titré « Lesson learned ». Tu parles…

Pour Picasso, on expédie plusieurs années de haute intensité créative, tout un fourmillement de sensations, d’audaces, d’avancées artistiques comblant l’humanité entière (qu’on se le dise), pour tartiner fissa sur le potin suivant. Chaque fait qui ne colle pas avec ce qu’une rombière aseptique a voulu montrer du génie est écarté au profit d’un autre lui permettant de rabattre analyses et conclusions sur le plus hallucinant manichéisme. Telle muse est « naturellement belle, naturellement intelligente, naturellement créatrice et naturellement paresseuse », telle autre est « une ballerine moyenne, d’une intelligence moyenne et d’ambitions moyennes »… Max Jacob porte « un monocle avec la sensualité d’une femme arborant un porte-jarretelles »… Quand on ne parle pas de Marie-Thérèse Walter comme d’un minable « objet sexuel », alors qu’on lui doit d’avoir revitalisé durablement le peintre, pour des œuvres à se rouler dans des foins d’extase.

Le comble est atteint avec la dernière femme de Picasso, Jacqueline Roque. Vu l’âge avancé du peintre, le couple, c’est normal, raréfie les visites, se protège des assauts extérieurs (fans, journalistes, cousins, petits neveux, tous les parasites en somme)… C’est l’Arche finale des grands amants ! Pablo se monacalise, il veut parachever son œuvre. Comme Arianna ne sait rien de plus que ce qu’on savait avant son livre, elle va déchaîner sa fureur de bignole pactisant avec la jalouse Gilot, pour planter Jacqueline deux ans après son suicide. Ah, à ce stade de mon texte, vous croyiez encore au conte « Françoise Gilot, la femme qui dit non », la « seule à avoir échappé aux griffes du monstre », celle dont « les tableaux ne doivent rien à Picasso » ? Adorables…

Arianna Huffington chez elle avec un tableau de Françoise Gilot

Difficile de dire qui de Françoise ou d’Arianna a le plus floué l’autre pendant leurs entretiens, mais il faut une indécence de femme pour avancer que « Jacqueline n’était qu’un accessoire », « une victime à peine humaine » que Picasso aurait épousée (d’ailleurs en secret) pour faire chier Gilot, laquelle espérait encore se rabibocher avec le peintre… Une décennie après leur rupture ? C’est ce passage qui m’a fait jeter le livre en travers de ma chambre… À moins que ce ne soit celui où Huffington se fout de la gueule de Picasso parce qu’à 85 ans, après une opération de la vésicule, il ne pouvait plus bander comme il l’aurait voulu. Elle lui fabule en sus une intervention de la prostate, comme ça, pour le plaisir de titiller celle de son mari, on imagine… Hélas, moi, je n’invente rien ! Et Sophie Chauveau relaiera cette énième approximation…

Arianna, son avis, c’est que le Picasso de la fin était tellement frustré par son impuissance, sa peine à vivre, son choix assumé des ténèbres, qu’il ne pouvait que « tourner au mépris le corps féminin ». Elle écrit ça noir sur blanc : « Sa haine d’une femme en particulier était devenue une haine profonde et universelle de toutes les femmes. » Le travail de Pablo est fabuleux (Les Ménines, Le Déjeuner sur l’Herbe, L’Enlèvement des Sabines, La Pisseuse…) mais Huff’ décrète dans son coin que « c’est toujours pareil, sous différents déguisements : tantôt des guerriers, tantôt un peintre et son modèle, tantôt des mousquetaires, tantôt d’autres Jacquelines mésopotamiennes, de plus en plus sauvages et repoussantes »… On voudrait exploser de rire, et puis on se souvient que ce jugement est celui, inamovible, d’une foultitude de lobotomisé.e.s…

Jacqueline Roque & Pablo Picasso

Bref, ceux qui liront ce livre seront encore plus mal préparés à l’artiste par excellence de la modernité. Il y est dit que La Pisseuse du peintre n’a été conçu que pour humilier, dévaloriser Jacqueline, alors que c’était une de ses œuvres préférées, en filiation directe avec Rembrandt… Ce dialogue transversal, cette mise en rapport des siècles entre eux disparaissent, ensevelis sous des spéculations d’arrière-cuisine. C’est une « vie » de Picasso dont on ne torche que les défauts en les ramassant jusqu’à l’absurde, et que l’on croit cerner parce qu’on affirme que ses « relations avec ses chiens successifs ressemblaient en fait beaucoup à ses relations avec ses femmes successives ». Ça t’amuse, Arianna ? Scolaire putasse citant Platon, Camus, Sartre, toutes les baudruches… L’éditeur a beau avoir mis le paquet sur le fric, les « assistants documentalistes », les voyages aux quatre coins du globe, une cervelle rincée par Hollywood ne pouvait qu’accoucher d’une souris dont l’approche psychologique est celle d’un bœuf se soulageant dans les plaines du Colorado.

Et bovin plagiaire, qui plus est ! Car Arianna sera de nouveau prise la main dans le sac, et cette fois par Lydia Gasman, professeur émérite d’Histoire de l’art à l’université de Virginie. Elle a consacré les trois quarts de sa vie à l’œuvre de Picasso et il serait temps que la France se bouge pour traduire ses décryptages qu’Arianna lui a volés pour en faire de la bouillie sensationnaliste. « Intellectual kleptomaniac », c’est le surnom que Gasman lui donne dans Vanity Fair qui enfonce son clou à cet énorme pétasse : « What she did was steal 20 years of my work. »

Comment, quand on est madame Huffington, calmer une prof lésée qui la ramènent avec sa déontologie ? En l’invitant chez soi, dans sa belle et patricienne demeure, bien sûr ! L’universitaire ne se démonte pas pour autant. Pendant la discussion, Arianna fond en larmes. Comme elle joue bien la penaude… Son mari veut négocier mais quelques semaines plus tard, du haut de ses millions, drivé comme d’habitude par sa compagne, il menace Gasman de poursuites pour tentative d’extorsion ! Faute de moyen, Lydia doit renoncer à porter l’affaire devant les tribunaux. La pauvre en tombera malade…

Faire la leçon au génie, un être d’exception, pour s’en mettre plein les fouilles par d’exécrables méthodes et conforter le grand public sur ce qu’il est, c’est le vice suprême, impardonnable de cette démocratie. Ce que les féministes reprochent aux hommes en général, Arianna en est l’incarnation en particulier. Tous les crimes sont permis quand la main qui les commet fait partie du clan… C’est la constante de notre affaire : chaque publication « choc » sur Picasso en dit plus long sur le fond ignoble de celui ou celle qui en est l’auteur (mais aussi sur ceux qui lui accordent du crédit). Quand Arianna Stassinopoulos-Huffington fait de la lutte contre la fraude fiscale son axe de campagne pour le poste de gouverneur de Californie (2003), elle se fait gauler pour fraude fiscale dans la foulée.

Alors les filles, toujours envie de citer cet individu hautement toxique dans vos podcasts « inclusifs » ?…

Arianna Huffington, reconvertie dans le développement personnel

CONCLUSION GÉNÉRALE

Fini ! 35 ans d’exécration derrière nous et quatre monstres humiliés en un pamphlet placardé à vie (espérons-le) sur le mur d’Internet… Bril, Beauzac, Chauveau, Huffington et toutes leurs copines seront, dans les siècles à venir, considérées pour ce qu’elles sont : des tueuses d’amour ! On se souviendra de ces hyènes s’acharnant sur le taureau fertile, cabré dans la lumière ! Car toutes rêvent de se faire saillir et surtout par l’esprit, impuissant qu’est le leur à produire une seule pensée saine… Leur incompréhension de l’artiste va de pair avec le détournement névrotique qu’elles en font. 

Oui, j’ai passé au crible le boulot des unes et des autres. Oui, avec ce sacerdoce du vrai qui leur est parfaitement étranger. Se faire juge des jugeuses ! C’est elles qu’il faut exposer en démontant toutes les pièces de leur manège, les foutre à poil en place publique… Qu’est-ce qu’elles croyaient ? Qu’on allait taire que le moindre motif d’indignation est pour elles une estrade sur laquelle faire son karaoké de rossignol moral ? Qu’on ignore qu’elles se haïssent trop entre elles pour ne pas se forger des luttes « solidaires » artificielles ? Ô fasciste nature… Tout ce qu’on peut reprocher à un homme n’est rien devant la dégueulasserie de cette usurpation.

Ah, ça ressemble quand même beaucoup à l’ouverture de la boîte de Pandore, cette libération de la femme… L’artiste qui provoque, inconsciemment ou non, des états pour faire vibrer l’inconnu, qui va au bout de son instinct en expérimentateur de passions, qui peut être cruel pour préserver son noyau comme une mère devient mauvaise en protégeant sa progéniture, tout ça il faut encore et encore le rabâcher et même le défendre… Pauvres cruchasses loin de se douter que l’artiste est le chien de l’art ! L’artiste fixe sa vie aux exigences de son maître, passe un accord avec lui sans demander son avis à sa vie, voilà. Vu ?

Toi Pablo, ça doit te faire marrer tout ça ! À fôlatrer au Paradis avec toutes tes meufs ensemble, exactement comme tu l’as toujours voulu, non en mégalo destructeur mais en sensible bambin adorateur de la Femme. Innocence que tout ça… Méditerranée… Qu’est-ce que la « grosse merde » dont tous parlent, sinon la matière noire dont on cherche à te recouvrir pour étouffer ta splendeur, l’aube nouvelle de l’art ? Ton cas est tellement puissant qu’il a, en réaction, exacerbé les pires états, le mal qu’elles prennent pour le pire du mâle ! On ne l’oubliera pas… Allez, amusez-vous bien tous là-haut ! Enfin libres !

Alexis Lucchesi dit « Vie Sublime », avril 2022

PICASSO DEVANT LES PISSEUSES 1/3

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